En cette période de ramadan, Expat-Dakar a sollicité les conseils de la nutritionniste Marie Gaye pour dresser une liste de conseils pour une bonne pratique du jeûne.
Cette année encore, le mois de ramadan a lieu en plein été. Les journées de jeûne seront longues et chaudes. Quelles en sont les conséquences sur l’organisme ?
Par rapport à cette forte chaleur, il faudra faire attention à une chose : les apports d’eau. Pourquoi ? Quand il fait aussi chaud, on transpire et on a tendance à se déshydrater alors que le jeûne dure environ 14h.
Dès le matin, il faut boire de l’eau, en quantité suffisante mais fractionnée. Sous forme de kinkéliba, thé, café. Et il faut aussi s’alimenter de manière suffisante, sans excès. Ce n’est pas parce que vous ne mangez pas de la journée que vous devez beaucoup manger en début de journée. Ça ne sert à rien ! L’organisme est surchargé et il s’en suit une fatigue.
Au moment de la rupture, il faut y aller aussi progressivement. Il est recommandé de prendre une infusion, boisson tiède et après prendre un aliment liquide (bouillie de mil ou de riz). Tous ces aliments liquides vont aider à combler le manque d’eau. Marquer un certain temps puis manger solide en faisant attention au gras. Ne pas manger trop aussi. Vous risquez de vous assoupir, ce qui n’est pas bon. Dans d’autres cultures, les gens prennent de la soupe qui est une très bonne alimentation liquide qui a de la viande, des légumes…, et qui est bien plus léger qu’un mafé ou un tieboudiene le soir. Et là aussi, je le répète, il faut échelonner. On boit, on mange liquide et on prend des pauses. Ensuite on mange beaucoup plus consistant mais toujours en faisant attention à la variété. Il faut vraiment varier les aliments que nous mangeons.
On peut manger un peu de tout en mettant l’accent sur les fruits et légumes qui apportent de l’eau, des vitamines, des sels minéraux et des fibres alimentaires. Au Sénégal, il faudrait que les gens mangent beaucoup plus de légumes frais, car ce n’est pas dans nos habitudes alimentaires. Légumes frais ne veut pas toujours dire cuits ou assaisonnés avec de la sauce vinaigrette. Il suffit de croquer une carotte ou une tomate. On peut aussi de temps en temps rajouter un peu plus de légumes dans nos plats.
Les céréales aussi constituent un bon apport : les plats à base de riz, de mil, mais, fonio…tout ce qu’on peut avoir comme céréales locales. Elles libèrent de l’énergie de manière progressive puisqu’elles sont constituées de glucides complexes. Et il faut aussi y mettre des protéines que nous apportent les viandes, poissons et œufs.
Table of Contents
Quelles sont les vertus du jeûne pour l’organisme ?
Le jeûne est indiqué pour l’organisme. Ce n’est même pas une histoire religieuse mais c’est une histoire d’hygiène que de jeûner de temps en temps. Il permet à l’organisme de libérer ses toxines, de reposer les organes digestifs. Il est aussi très bénéfique pour l’esprit. Quand on jeûne, on n’a pas le temps de penser aux petits détails. De ce fait, on est beaucoup plus performant et cela libère l’esprit. Je recommande aussi aux gens de jeûner lorsqu’ils ont connu des excès, notamment après les fêtes.
Quelles sont les cas dans lesquels conseillez à vos patients de ne pas jeûner ?
En général, on conseille aux grands diabétiques de ne pas jeûner. Car ils ont un problème d’équilibre glycémique. Il faut qu’ils équilibrent leur taux de sucre. Et s’ils n’arrivent pas à l’équilibre, ça ne peut avoir que des conséquences néfastes, telles que des problèmes de vue. On a vu de grands diabétiques finir aveugles. Le trop plein de sucre dans le sang se forme en cristaux qui vont heurter la rétine qui se dessèche.
Et qu’en est-il de l’activité sportive pour un jeûneur ?
On recommande aux sportifs d’être suivis par un médecin. Je parle des grands sportifs. Pour ce qui est de ceux qui font du jogging occasionnel, je pense qu’ils peuvent continuer. Il faut juste pratiquer le sport aux heures les moins chaudes de la journée. Par exemple juste avant la rupture.
Un dernier conseil pour les jeûneurs ?
Il faut se préparer mentalement, physiquement et spirituellement. Il faut se conditionner et se mettre en état de jeûne comme lorsque l’on se met en état de prière ou pour une compétition.